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Un hymne sur le désir féminin : la leçon de Jean-Michel Hellio

Jeudi 30 janvier, sur l’invitation de Remi Guimbail, professeur de cinéma de la spécialité Histoire des arts au Lycée Bertran-de-Born de Périgueux, le conférencier Jean-Michel Hellio est intervenu dans le cadre de la question limitative inscrite au programme de cette spécialité en terminale : « Femmes, féminité, féministe », appliquée au film La Leçon de Piano de Jane Campion qui avait été projeté en salle en début de semaine.

La leçon de Piano classe prépa académie Bordeaux

Les élèves de cette spécialité et les étudiants d’hypokhâgne de l’option Cinéma et audiovisuel, qui travaillaient en ce moment sur le male gaze dans le cinéma classique hollywoodien, se sont réunis à cette occasion pour profiter d’un exposé riche en analyses filmiques et perspectives historiques sur l’innovation narrative et esthétique d’un film réalisé par une femme. Il a été ainsi question de la manière dont cette cinéaste s’est plu dans ce film à déplacer la normalité d’une société victorienne patriarcale dans l’univers sauvage de la Nouvelle Zélande. C’est spécifiquement cette île d’où est originaire la cinéaste, que la première femme Palme d’or à Cannes a choisie comme cadre, propice à cette révélation par la pianiste Ada d’une nouvelle féminité, dans un récit où ce sont les hommes que l’on effeuille les premiers et les femmes qui fixent les règles sensuelles de leurs ébats.

Lycée Bertran de Born de Périgueux, Jane Campion

La perception de ce point de vue féministe du récit n’est pas allée de soi. Cette conférence a initié des débats au sein du groupe, les uns s’offusquant de la violence du désir et d’une relation tarifée pour initier une histoire d’amour, les autres se montrant touchés au contraire par l’atmosphère étrange, sensuelle et dense du film qui place la perception sensible au-dessus des conventions et des normes morales.

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Les analyses filmiques qui ont fait la part belle à la dimension tantôt picturale tantôt théâtrale de la mise en scène, sont venues au renfort de ces premières impressions et ont permis de rationaliser le débat. Dans la séquence du débarquement, l’absence de plan général sur l’île au profit d’un point de vue inédit sous la barque, puis sous le piano dont Ada dirige l’installation depuis la plage, a permis de montrer à quel point Ada était désignée comme l’unique instance organisatrice de l’espace et du récit, y compris dans les séquences du désir autour du piano.

Toute l’assemblée a été conquise par cet exposé et ce dialogue fructueux. C’est avec une grande impatience que tous attendent la prochaine conférence sur le film de Pedro Almodóvar, Femmes au bord de la crise de nerfs, que les élèves de M. Guimbail auront le plaisir de découvrir et d’analyser au mois de mars !