Jeudi 6 février, dans le cadre du festival national de Science-fiction « Les Mycéliades » auquel notre partenaire, Ciné Cinéma, a participé, les étudiants de CPGE Lettres et Sciences se sont retrouvés au Multiplex de Périgueux pour une soirée ciné-techno-philo devant le film culte de Stanley Kubrick, 2001, l’odyssée de l’espace que nous avons eu le plaisir de revoir ou de découvrir sur grand écran.

Les courageux étudiants cinéphiles qui ne se seront pas laissés trop bercés par la valse des vaisseaux spatiaux sur l’air du Beau Danube bleu, auront pu savourer l’éloquence visuelle et sonore du réalisateur comme l’élégante danse des astres et des aéronefs glissant vers l’infini, tantôt en silence tantôt sur les airs de Strauss. Dans cet espace sans cadre ni hors-champ, le cinéaste nous offre une forme filmique inédite qui, par son art de la boucle, parvient à tourner notre regard vers l’intériorité de l’homme à travers l’infini galactique.

Quant aux philosophes, ils auront pu se lancer dans le jeu des interprétations philosophiques multiples que le film lance à chaque apparition du monolithe : le film peut illustrer l’ivresse du Surhomme qui est à l’homme ce que l’homme est au singe, dans sa volonté de puissance, lorsqu’il découvre son premier outil sur l’air d’Ainsi parlait Zarathoustra, référence explicite à Nietzsche, comme il peut aussi révéler l’inquiétante étrangeté freudienne lorsque Bowman se dédouble et se libère de son corps pour renaître sous la forme d’un fœtus astral.

La présence en salle de l’essayiste Ariel Kyrou, spécialiste des imaginaires du futur dans la littérature de science-fiction, nous aura permis de mesurer l’ampleur des reprises des scènes cultes de ce film : dans les publicités qui remplacent le monolithe par des smartphones, dans de nombreux films sous une forme suédée chez Gondry ou en ouverture de Barbie (2023) de Greta Gerwig qui se réapproprie ainsi un film majoritairement plébiscité par les hommes en quête de surpuissance, et enfin, dans de nombreux dessins animés, comme dans l’un des épisodes des Simpson dans lequel Homer reprend le contrôle sur une machine intelligente HAL 9000 trop humaine qui veut prendre sa place auprès de Marge.

Partageant sa connaissance de la tétralogie d’Arthur C. Clarke, scénariste du film, qui écrivit en même temps que Kubrick réalisa son film, le premier opus de son roman homonyme, Ariel Kyrou a délivré à l’auditoire une autre lecture de ce chef-d’œuvre qui offrirait en son terme une rencontre du troisième type qui chez Kubrick ne peut se faire que par l’épure.
