Visites, découverte, échanges et transmission en CPGE Lettres
Vendredi 12 septembre dernier, la CPGE Lettres du lycée Bertran de Born à Périgueux a consacré une journée à accueillir sa nouvelle promotion d’étudiants inscrits en première année de classe préparatoire littéraire (hypokhâgne), plaçant la rentrée sous le signe de la découverte, de la cohésion et de l’exigence intellectuelle. Cette journée d’intégration, devenue une tradition appréciée, a mobilisé l’ensemble de l’équipe pédagogique entourée des étudiants de deuxième (khâgneux) et de troisième année (khûbes), et engendré des liens précieux entre étudiants et professeurs, mais aussi entre promotions.



Dans les ruelles de Périgueux
La matinée a débuté par une déambulation touristique au cœur de la vieille ville de Périgueux organisée par M. Serge La Barbera, figure historique de notre prépa littéraire, retrouvé avec enthousiasme par les khâgneux. Il était accompagné par des collègues dévoués et investis : M. Lisoie, Mme de la Tour et M. Frétard, professeurs de lettres classiques, M. Christophe Léon, professeur de géographie, Mme Duflos de Saint Amand, professeur de philosophie, Mme Grenereau, professeur d’anglais et Mme Mauffrey, professeur de cinéma. Les étudiants ont pu, à cette occasion, découvrir ou redécouvrir les grands sites historiques de la ville depuis les Jardins des arènes jusqu’à la citadelle de Vesunna, en passant par l’église Saint-Étienne-de-la-Cité, le château Barrière, la tour Mataguerre, la cathédrale Saint-Front et le quartier environnant.





Ici et là, chaque professeur a enrichi de ses savoirs disciplinaires propres l’exposé foisonnant d’érudition et d’anecdotes de notre cicerone en chef, M. La Barbera. M. Léon a ouvert un œil critique sur la capacité réelle de l’amphithéâtre, sensibilisant à la rigueur du regard historique et aux problèmes de sources, là où l’imaginaire tend à gonfler les chiffres, pendant que les collègues de lettres classiques nourrissaient au contraire cet imaginaire par le récit passionné du déroulement des combats de gladiateurs et des chasses à la romaine (les venationes). En pleine rue Limogeanne, M. Lisoie, quant à lui, s’est illustré par ses mises en scène vivantes de la société médiévale, mimant mouchoir à la main, plaqué sous son nez, comment les aristocrates d’antan tenaient le haut du pavé.








Visite du parc Vésone et du Musée Vesunna
Leur intervention a aiguisé la vigilance des étudiants, qui ont su ensuite anticiper les pièges tendus par les guides lors de la visite du musée Vesunna sur tous ces sujets antiques. À la suite de cette immersion urbaine, le groupe a en effet poursuivi son exploration au musée gallo-romain de Vesunna, un écrin remarquable bâti sur les vestiges antiques de l’ancienne Vésone, fondements de la ville moderne.
La visite, enrichie par l’exposition temporaire « L’Antiquité au coin de la rue », a permis aux étudiants de s’initier aux gestes et aux senteurs du quotidien des Pétrocoriens : atelier de graffiti antique, thermopolium arborant ses mets les plus délicats, toute une pharmacopée proposant des remèdes pour le moins déroutants, telle une peau de chauve-souris pour aider à trouver le sommeil, et, enfin, découverte des latrines à l’entrée desquelles était exposée une crotte fossilisée — trésor inestimable pour l’archéologue moderne… Tout y était pour stimuler la réflexion et souligner l’ancrage de la culture classique au cœur du projet pédagogique de la CPGE Lettres !









Conférence et dialogue, une ouverture intellectuelle à d’autres formats d’enseignement
Après un déjeuner ponctué d’échanges entre anciens et nouveaux, l’après-midi s’est ouvert sur un temps fort académique : la conférence « Traduire » de Claude Murcia, traductrice renommée et ancienne professeure des universités en littérature comparée et en études cinématographiques. Rejointe par les élèves de terminale générale et leurs professeurs de philosophie (M. Gourrin), d’histoire des arts (Mme Besse), et de langues vivantes (Mmes Lasserre, Lagrange et Biberson, qui enseignent aussi l’allemand, l’espagnol et le russe en CPGE), cette séance a offert un pont dynamique entre enseignement secondaire et supérieur.


À cette occasion, Claude Murcia nous a livré une réflexion à la fois personnelle et théorique sur l’art et l’acte de traduire. En retraçant l’évolution du métier de traducteur, la conférencière mettait en lumière la tension entre fidélité au texte, communicabilité et créativité du langage, cela au cœur d’enjeux contemporains d’ordre éthique. « Sans traduction, nous habiterions des provinces voisines avec le silence », rappelait-elle, avant de montrer que traduire, c’est d’abord s’ouvrir à l’altérité, mais aussi faire dialoguer cultures et époques, chercher le bon compromis en acceptant l’imperfection inhérente à toute transposition linguistique.
« Sans traduction, nous habiterions des provinces voisines avec le silence »
Georges Steiner



La question de la traduction assistée par l’intelligence artificielle n’a pas manqué d’éveiller le débat : à travers les échanges nourris qui ont suivi, les étudiants ont pu interroger les limites, les possibilités et les enjeux éthiques que pose l’usage de l’IA pour la transmission du sens et de la forme, prolongeant ainsi la réflexion bien au-delà des frontières de la salle de conférence.


Esprit d’équipe et ouverture : une rentrée sous le signe du collectif
Au fil de cette journée, le climat de la prépa s’est révélé dans toute sa richesse : encadrement attentif, exigence intellectuelle, convivialité et réelle solidarité entre promotions. Profondément humaine, la classe préparatoire de Bertran de Born a voulu conjuguer le meilleur d’une tradition d’excellence à une philosophie d’accueil et de transmission vivante, tournée vers l’avenir.








Souhaitons la bienvenue à nos hypokhâgneux ! À l’image de cette journée, puissent-ils naviguer avec sérénité entre exigence et camaraderie, ouverture d’esprit et goût du savoir.